Des joies et des soucis (Uruha-Emma-Toshi-Terminé)

Un mois s'était écoulé depuis que Sugizo et Uruha avaient découvert qu'ils allaient bientôt être parents.
La grossesse étant rapide, le ventre d'Uruha avait déjà commencé à s'arrondir et Sugizo y passait souvent la main avec un mélange d'anxiété et de bonheur.

Côté politique extérieure, les choses s'assombrissaient. Le pays voisin, le Farghestan, ne faisait pas montre d'une hostilité ouverte mais son dirigeant avait d'étranges attitudes et les envoyés de Samoel n'étaient plus aussi bienvenus qu'autrefois. En tout cas, on ne les laissait plus aller où ils voulaient dans le pays.

C'était un pays particulier, un pays habité par des géants qui creusaient partout des mines dans leur riche sous-sol pour en extraire des métaux précieux avec lesquels ils se fabriquaient des armes et des armures d'une solidité exceptionnelle. Mais il n'y avait pas de mines de diamants au Farghestan. Celles de Samoel étaient les seuls du continent et Sugizo était certain qu'il y en avait d'autres.
Le diamant étant le métal le plus solide au monde, il ne doutait pas un instant que les géants lorgnaient dessus.

Il tenait son armée prête à toute éventualité. Il pouvait peut-être s'écouler des mois et des mois avant que quelque chose ne se déclenche mais il sentait en permanence une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il racontait tout à Shun qui lui aussi se tenait prêt. Il aurait vraiment besoin de la vaillance d'Arkorath le moment venu.

Il ne disait pas un seul mot de tout ça à sa femme. Uruha se maintenait tant bien que mal dans son jardin mais elle était vraiment fatiguée. Le médecin la surveillait de près, de peur qu'elle fasse une fausse couche.

Tous ses soucis donnaient des cernes à Sugizo qui ne trouvait un peu de repos que dans les moments qu'il passait avec sa femme. Il s'était habitué à dormir dehors finalement parce qu'il n'aimait pas l'idée de la laisser toute seule la nuit. Déjà qu'il ne pouvait pas venir le jour !

Cette soirée-là, il était donc étendu près d'elle, épuisé par une nouvelle journée de problèmes.

Un long mois déjà qu'elle se savait mère, et sa fatigue n'avait de cesse d'accroître.
Même si elle tentait de le cacher au mieux, certains symptômes ne trompaient pas.
Son jardin perdait doucement de sa vitalité, et il lui semblait y voir sa propre décadence.
De plus, elle pouvait sentir toute l'inquiétude de son mari. Sugizo rentrait tous les jours un peu plus épuisé, mais ne lui disait rien de ses soucis.
Heureusement pour elle, le médecin faisait tout pour qu'elle aille mieux et Myriam passait souvent la voir.
L'ennui la rongeait moins que la fatigue, ce qui ne lui paraissait pas négligeable au fond.

La journée arrivant enfin à son terme, Sugizo était venu la rejoindre comme chaque soir.
Elle caressait lentement ses cheveux, fredonnant une chanson de son peuple.

- Mon amour.... Tu veux que je te montre quelque chose ?

Il aimait ses caresses, il aimait sa voix et ses chansons qu'il ne comprenait pas.
C'était le seul moment de la journée où il se sentait vraiment bien et il ne pouvait plus s'en passer.

Mon amour.... Tu veux que je te montre quelque chose ?

Sugizo ouvrit paresseusement les yeux et se tourna sur le côté pour l'embrasser sur la tempe :

- Bien sûr qu'est-ce que c'est ?

Un large sourire illumina son visage, et se plaça correctement sur le dos en inspirant profondément.
Le médecin lui avait clairement dit de ne pas forcer sur ses pouvoirs, mais c'était pour une bonne cause.
Fermant doucement les yeux, Uruha fit appel au vent, et un tourbillon de feuilles se plaça au dessus du couple.
Une main posée sur son ventre, et l'autre dirigée vers le ciel, la demoiselle prit une nouvelle inspiration, puis l'image se fit plus nette.

- C'est une échographie ! Clama t-elle fièrement.

(Non elle n'a pas vu qu'il y en avait deux ! xD A Sugi de s'en rendre compte...)

Sugizo regarda le tour de magie avec émerveillement. C'était formidable ça, ils n'auraient même pas besoin d'aller à l'hôpital pour vérifier que le bébé allait bien ! Et ils sauraient aussi si c'était une fille ou un garçon.

Il était trop tôt pour l'instant mais quand il vit la forme, il crut recevoir un coup sur la tête.

- Oh mon dieu...

Il était profondément ému mais il n'y avait pas que ça. C'était bien...deux formes blotties l'une contre l'autre qu'il avait sous les yeux !

- Uruha...dit-il d'une voix éraillée, la main tendue pour toucher le miracle, il y en a deux...

La nymphe tourna ses deux orbes noisettes vers son amant, et son cœur manqua exploser de bonheur.
Elle comprenait enfin toute la joie qu'avaient pu ressentir Toshi et Yoshiki.
Et puis, les dernières paroles de Sugizo la figèrent un instant.
Elle ramena son regard vers les feuilles, et souffla :

- Deux...

Elle tendit sa main vers la forme, et échappa un petit rire.

- Mon dieu... C'est...

Elle ne trouvait plus ses mots.

Uruha était folle de joie mais Sugizo était beaucoup plus mitigé.
S'il n'avait été qu'un simple particulier, il aurait été absolument ravi mais...deux jumeaux égaux en droit quand il s'agissait d'hériter d'un trône posaient un énorme problème.

- Ma chérie...on a un souci. Qui va régner ? Ils auront autant de droits l'un que l'autre quelque soit leur sexe. Tu comprends tous les problèmes que cela pourrait engendrer ?

Alors qu'elle s'imaginait déjà ce qu'allait devenir une vie à quatre, Sugizo la fit rapidement descendre sur terre.
Qui allait régner ?
Son sourire s'effaça aussitôt, et elle ramena ses mains contre son ventre, faisant disparaître l'image.

- Ne pouvons-nous pas les éduquer de façon à ce qu'ils comprennent ? De quoi devons-nous avoir peur ? Je ne comprends pas...

Sugizo se redressa et passa les mains sur son visage :

- Oh bon sang, pourquoi faut-il que même cette joie-là nous soit gâchée...?

Non mais le sort voulait vraiment lui faire péter un plomb ou quoi ?

Il expliqua à Uruha :

- Je crains qu'il soit jaloux l'un de l'autre. Je vais être obligé d'en désigner un seulement pour me succéder ? Comment je vais faire ? Et que pensera l'autre ? Ce qui risque d'arriver c'est...une guerre de succession tout simplement.

Une guerre de succession ?
Uruha soupira à son tour, puis se plaça derrière son amant pour poser ses mains sur ses épaules.

- Je ne crois pas qu'il faille tout de suite penser comme ça.

Elle se mit à doucement le masser, et continua :

- C'est à nous de leur inculquer le partage. Ce qu'il faut, c'est en désigner un à la naissance. Puisque que je suis naïade en partie, ils auront forcément des pouvoirs... L'un suivra mes enseignements, et l'autre les tiens. Qu'en penses-tu ? C'est à nous de leur apprendre à ne pas convoiter ce qu'a l'autre.

A une autre époque, un remède énergique et cruel aurait pris pour éviter tout problème mais bien sûr, il était hors de question pour Sugizo de l'appliquer.

Il renversa la tête sur les épaules d'Uruha et la laissa le masser. Fallait au moins ça pour qu'il essaie de se détendre un minimum :

- Je prie pour que ce ne soit pas de vrais jumeaux...et c'est sûr qu'il va falloir tout faire pour les différencier. Il faut les élever de façon à ce que l'un d'eux n'ait jamais l'idée de devenir roi. Si on pouvait en faire un naiade attiré par la nature comme toi, ce serait bien...

Elle lui déposa un baiser sur le front et sourit.

- Mais oui. Tu t'inquiètes trop. Nos enfants seront élevés de façon à ce que leur amour fraternel passe avant tout autre chose.

Ses doigts glissèrent sur les omoplates, longèrent les côtes, puis remontèrent détendre la nuque quelque peu tendue.

- Je veux que tu te détendes un peu... Tu es trop stressé en ce moment. Tes muscles parlent pour toi. Ria t-elle.

Alors qu'elle revenait sur ses épaules, une quinte de toux lui fit arrêter son geste.
Sa tête se mit à tourner, et elle posa sa main sur son front se sentant perdre l'équilibre.

Alors que Sugizo commençait tout juste à s'abandonner aux douces attentions de sa chérie, il l'entendit tousser et la sentit chanceler contre son dos.

Il se retourna, la prit dans ses bras et l'allongea délicatement sur la couette qu'ils avaient disposée pour se faire un lit :

- Ma chérie ça ne va pas ?!

Comme elle était pâle ! La situation commençait à devenir vraiment angoissante. Il commençait à avoir très peur qu'elle n'aille pas jusqu'au bout de sa grossesse et pire encore...

Ah zut... Elle qui voulait faire disparaître l'inquiétude de son amant.
La nymphe papillonna lentement des yeux, puis souffla :

- Ça va... J'ai juste un peu le tournis. C'est peut-être parce-que j'ai utilisé mes pouvoirs... Je n'aurai pas du.

Mais elle n'aimait pas se restreindre autant !
Elle serra la main de Sugizo et soupira.

- Je suis désolée... Le jardin est entrain de mourir à cause de moi... Il était si beau.

- Ca n'a pas d'importance, on remplacera les plantes, répondit Sugizo en la serrant contre lui. On renouvelera tout pour que tu puisses continuer à puiser de l'énergie. Mais s'il te plaît, tant pis pour l'échographie, il ne faut plus que tu te fatigues.

Il lui caressa la joue et l'embrassa doucement avec un noeud à l'estomac :

- J'ai tellement peur pour toi...

Uruha répondit au baiser de son amant, et ces derniers mots brisèrent ses dernières barrières.
Un sanglot se bloqua dans sa gorge, et de fines larmes roulèrent sur ses joues pâles.

- Je suis... tellement désolée.... Tu as déjà tant de soucis et... je ne fais que t'inquiéter... Je voudrai tellement pouvoir me guérir toute seule...

Une nouvelle quinte de toux la fit se redresser, et elle plaqua sa main contre sa bouche, comme si elle voulait arrêter le son.
Elle n'en pouvait plus... vraiment plus...

Sugizo s'affola en la voyant pleurer et plus encore en la voyant tousser.

- Arrête ! Arrête de pleurer ma chérie, tu vas te fatiguer encore plus !

Il la frictionna, l'embrassa, la câlina comme il pouvait.

- Calme-toi...murmura-t-il en la berçant contre lui.

Ce n'était plus possible, elle allait finir par mourir à ce rythme, le jardin ne la sauverait pas, ni les médecins.

Sugizo serra les dents sous une montée de rage dûe à l'impuissance. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire bon sang ?!

Oh je sais !

Il n'y avait plus qu'une seule solution. Elle était très douloureuse. Mais la vie d'Uruha valait bien ce sacrifice.

- Ma chérie écoute-moi...tu ne peux pas rester comme ça plus longtemps. Demain, je te ramène à la Tsuki.

Sa gorge se serra :

- C'est la seule solution qu'il nous reste. Là-bas tu retrouvers tes forces, tu mettras nos enfants au monde dans de bonnes conditions. Ton père sera là pour s'occuper de toi...

Comme c'était dur. Il la serra plus fort encore. Il ne voulait pas se séparer d'elle mais il n'avait plus le choix.

Alors que sa gorge en feu ne lui permettait plus d'articuler un mot, elle sentit Sugizo la prendre dans ses bras et la supplier de se calmer.
La tâche s'avéra plus dur que prévu, et ce n'est qu'au bout de deux bonnes minutes qu'elle cessa enfin de tousser.
Cependant, les mots qu'elle entendit furent bien plus douloureux que n'importe quel toux.
Retourner... à la Tsuki ?
Cela revenait à quitter Samoel... à quitter son royaume... à abandonner Sugizo.
Ses doigts s'agrippèrent au haut de son amant et elle balbutia :

- Non... Je ne veux pas. Myriam... Elle doit m'aider pour l'accouchement et... je veux que tu sois là... Non, je ne veux pas quitter Tuléar. Sugizo...

Elle ne le supporterait pas.
Elle ne voulait pas en arriver jusque là.
Sugizo était sa vie, et elle ne voulait pas l'abandonner.
De plus, que penseraient les gens du peuple en apprenant son départ ?
Un reine n'abandonne pas son royaume ainsi.

- Mais comment faire autrement ? dit Sugizo. J'ai peur que tu ne tiennes pas jusqu'à l'accouchement. Regarde un peu dans quel état tu es ! Je ne veux pas prendre le risque de te perdre !

Il la reposa sur le dos et lui caressa le front, une ride de chagrin entre les deux yeux :

- Si tu t'inquiètes de ce qu'on dira, tout le monde sait que tu es enceinte. Si je dis que tu es partie pour ta santé, personne ne te reprochera quoi que ce soit car l'un des devoirs d'une reine est d'avoir un héritier.

Oui... Mais quel cruel devoir quand on sait qu'on devra l'assumer loin de l'homme qu'on aime.
Sugizo n'était pas en droit de voir naître ses enfants ?
Sachant parfaitement qu'elle ne faisait que l'inquiéter un peu plus, la demoiselle calma son rythme cardiaque et stoppa là sa crise de larme.

- Je... Je sais que tu as raison mais... Je veux que tu les vois naître.

Elle ferma lentement ses paupières, puis inspira une grande bouffée d'air.

- Si je rentre à la Tsuki... Promets moi de tout faire pour venir à l'accouchement... Je te préviendrai à l'avance, je trouverai un moyen, n'importe quoi... Promets-moi d'être présent. Je ne veux pas mettre nos enfants au monde sans toi.

- Tu crois que je n'ai pas envie de les voir naître ? demanda Sugizo. Dès que tu m'auras prévenu, je sauterai sur Krisal et j'arriverai à tire-d'aile.
Seulement...tu ne sais pas toi-même combien de temps durera ta grossesse alors je ne sais même pas si tu pourras me prévenir à l'avance...

Il l'embrassa sur le front :

- Au pire des cas, je viendrai même s'ils sont déjà nés c'est évident. Je ne t'abandonnerai pas. Et peut-être que nous finirons par trouver une solution pour que tu puisses continuer à vivre avec moi.

Son cœur tambourinait douloureusement contre sa poitrine.
Continuer à vivre avec lui...

- Je trouverai. Je ne veux pas que ma faiblesse nous empêche de couler des jours heureux. Je veux connaître le bonheur de vivre à quatre sous un même toit.

Elle avait l'impression de l'abandonner...
Cet homme qui avait tant fait pour elle et qui devait diriger un royaume en proie à la crainte d'une nouvelle guerre... Oui, comment pouvait-elle le laisser seul ici ?

- Sugizo... Je ne veux pas t'abandonner. Je t'aime tu sais, comme je n'ai jamais aimé personne.

Sugizo se pencha sur elle :

- Je sais mon amour, moi aussi je t'aime. C'est pour ça que je veux que tu partes, je veux te savoir en bonne santé. Tu ne m'abandonnes pas, tu vas faire ce qu'il y a de mieux pour nous deux...pour nous quatre. J'ai déjà tellement de soucis...si je te sais loin d'ici vivante, en bonne santé et choyée, ce sera déjà une consolation pour moi. Je ne supporte plus de te voir dépérir avec ce jardin.

En réalité, il préférait ne pas penser à ce qu'il ressentirait lorsqu'il se retrouverait dans ce palais sans elle. Tant pis, il serait fort quelque soit son chagrin parce qu'elle vivrait.

- Qu'est-ce que tu crois que je ressentirai si tu mourais ? murmura-t-il, la main dans ses cheveux. Ce sera bien pire que de te savoir à la Tsuki...

(Tu as retrouvé ta liste de contact ? xD)

Si elle mourait ?
Non... Elle ferait tout pour que ça n'arrive pas !
Ce bonheur qu'on lui avait si longtemps refusé, elle y goûtait enfin, alors même la mort ne parviendrait pas à l'arracher de ce monde.
Un faible sourire étira ses lèvres, et elle remonta sa main sur la nuque de son amant pour l'attirer à elle.
Ses lèvres se posèrent doucement sur celles du roi, et une larme roula de nouveau sur sa joue.

- Tu risques de me manquer affreusement... Souffla t-elle en enfouissant son visage dans son cou.

( Oui, elle est revenue quand j'ai redémarré mon ordi ^^)

- Toi aussi, tu vas me manquer.., répondit Sugizo en s'allongeant doucement contre elle.

Il reprit ses lèvres avec une passion mêlée de tristesse. Il se sentait capable de l'embrasser toute la nuit. En dépit de son épuisement, il ne voulait même pas dormir pour ne pas accélérer le temps et le moment de leur séparation. Mais elle, il fallait vraiment qu'elle reprenne un peu de forces.

- Je t'emmènerai avec Krisal demain matin, ça ira plus vite. Mais ce sera peut-être un peu fatiguant pour toi alors il faut que tu te reposes bien cette nuit.

Il se coucha sur le côté en la gardant dans ses bras.

- Là...je ne te lâcherai pas de la nuit, dit-il sa joue contre le front d'Uruha.